Cap sur le Brésil

Après un bon avitaillement effectué à Praia, capitale du Cap Vert, nous décidons de mettre les voiles vers le Sud. La météo s’annonce plutôt tranquille, cela n’est pas sans nous déplaire. Nous savons néanmoins qu’il y aura le pot-au-noir à passer, cette fameuse zone intertropicale de convergence aux alentours de l’Equateur. Nos différentes lectures nous ont appris que cette zone peut être sans vent pendant plusieurs jours et qu’on y rencontre souvent des grains (gros nuages et pluies intenses avec un vent qui monte d’un coup). La zone équatoriale est une zone où viennent se confronter les vents et les courants contraires du nord et du sud de l’hémisphère. Nous nous attendons donc à avoir ce genre de météo et sommes sur nos gardes.

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Départ du Cap Vert sous un beau soleil et un vent portant

Organisation des journées

Voici comment se passent nos journées en mer. Nous avons un rythme très calé. Après les deux, trois jours d’adaptation, nous rentrons dans une certaine routine. Le matin, Brice prépare le petit-déjeuner pour l’équipage. Je fais ensuite la vaisselle. S’ensuit souvent un temps de sieste pour Brice et Mathias. Les enfants jouent tranquillement dans le bateau. Difficile de passer du temps dehors dans la matinée car très vite le soleil chauffe fort. Vers 12h, nous observons une température de 54°C au soleil. Nous n’avons pas de taud au-dessus de notre cockpit, du coup, c’est très vite la fournaise dehors. Vers 11h, je prépare tranquillement le repas car le petit-déjeuner est pris assez tôt. C’est Mathias qui est de vaisselle le midi. Une vaisselle à l’eau de mer. En début d’après-midi, je fais une bonne sieste, les enfants jouent ou passent un peu de temps dehors à l’ombre. Vers 15h, c’est l’heure d’un petit café et il est temps pour moi de respirer l’air un peu moins chaud de l’extérieur. Ouf, ça fait du bien de sortir et de contempler l’océan à l’abris d’une voile. Cette traversée est globalement très calme, ce qui nous permet de vivre sans trop de difficulté (peu de gîte). Nous passons du temps à observer le ciel, l’océan…

Vers 17h, nous prenons une douche à l’eau de mer à l’avant du bateau et nous rinçons avec l’eau du vaporisateur de jardin, ce qui permet d’économiser beaucoup d’eau douce. Nous préférons enlever le sel, car avec la chaleur et la sueur, Arthur se gratte beaucoup et s’abîme la peau. Nous sommes également moins moites. Il fait en permanence plus de 30°C dans le bateau.

Vers 18h, Mathias commence à préparer le repas et nous dînons vers 19h afin d’avoir terminé de tout ranger à l’heure des débuts de quart à 20h. Brice est de vaisselle le soir. La nuit tombe vite, vers 18h30, heure cap-verdienne.

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Les nuits

Les nuits aussi, nous sommes bien organisés. C’est Brice qui commence son quart de 20h à 22h. Le reste de l’équipage se repose pendant ce temps. Mathias et moi filons assez vite dans notre bannette respective pour optimiser à fond nos temps de sommeil. A 22h, je prends le relais de Brice qui va se coucher pour 4 heures. A minuit, je réveille Mathias et rejoins ma bannette pour 4 heures de sommeil. A 2h du matin, Mathias réveille Brice, qui me secoue à 4h. Puis je dois moi aussi faire le réveil de Mathias à 6h. Nos quarts s’étendent donc de 20h à 8h le lendemain matin. Quand tout va bien, nous réussissons tous à dormir au moins 6 heures sur nos 8 heures de repos. Mais des fois, il nous arrive des aventures, et tout le monde est sur le pont.

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Surprises

Certaines nuits, nous touchons quelques grains, mais globalement, nous n’en connaîtrons que très peu et pas violents du tout. Un nuit, un jeune Fou de Bassan a la folle idée de vouloir se poser sur le haut du mât. Il ne réussit qu’à abîmer notre girouette et à glisser vers la barre de flèche bâbord. Il rate à nouveau son coup, glisse et se coince l’aile entre les deux haubans (câbles qui tiennent le mât) ! Le voilà tout idiot, accroché aux câbles, criant tout ce qu’il peut… Nous sommes tout retournés par cette fâcheuse surprise, imaginant la souffrance de l’animal. Nous ne pouvons monter au mât pour l’aider, le risque serait trop grand de se prendre un coup de bec, de patte ou d’aile, entraînant une blessure à gérer à bord en plein de milieu de l’océan… Voilà donc ce fou pendu par l’aile à brailler. L’horreur. Nous rentrons dans le bateau et attendons un peu, faisant descendre le stress émotionnel lié à cet événement. Puis, d’un coup, boum ! Il a réussi à se détacher de ce piège et est tombé direct sur le pont. Brice essaie de l’approcher, mais il devient agressif. Nous décidons de le laisser gérer son départ de Chintouna. Ce qu’il réussit très bien à faire au bout d’une quinzaine de minutes… Ouf ! C’est terminé. Espérons que cela ne recommence pas ! D’autres oiseaux suivent régulièrement notre voilier mais aucun ne tente de se poser.

Peu de dauphins pendant cette traversée, une pêche infructueuse (le poisson s’enfuit), mais beaucoup d’algues pendant plusieurs jours qui se prennent dans notre régulateur d’allure sans cesse, nous obligeant à dégager la pâle de ces intrus bouleversant la marche du voilier.

Par contre, nous croisons régulièrement des méduses Physalis, avec leur voile violette si belle, qui dérivent au gré des courants et du vent. Quelques poissons nous accompagnent également… Ils restent le long de la coque. C’est amusant, peut-être qu’ils nous prennent pour une grosse baleine.

Pour conclure, ce sont vraiment les oiseaux qui ont été les plus présents pendant cette belle traversée de 14 jours.

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Le passage de l’équateur

Et puis il y a le fameux passage de l’équateur, cette ligne imaginaire qui sépare l’hémisphère nord de l’hémisphère sud. Pour tout l’équipage, c’est une première en voilier. Et comme le veut la tradition, nous effectuons notre bizutage. Nous passons le 00°S00’00 dans la nuit vers 4h du matin et nous décidons d’attendre le jour pour fêter ça. En fin de journée, le 23 mars, lorsque nous bénéficions de l’ombre apportée par les voiles, nous décidons de passer à l’étape bizutage. Tout le monde se déguise : Brice enfile un maillot de bain sur la tête, Awen s’entoure d’un beau paréo et se pare de scoubidous, Arthur a des tatouages de pirate sur les bras et le visage, Mathias met un masque, un tuba et m’emprunte une robe et je me déguise en cuisinière avec oignon et cuiller en bois dans les mains ! Les enfants ont préparé une bouteille à jeter à la mer avec des messages et dessins et Brice nous sort son discours surprise ! Tout le monde écoute le capitaine avec attention. Le texte est des plus drôle et nous rions avec plaisir ! Puis, les enfants jettent leur bouteille à la mer, espérant que peut-être, quelqu’un un jour, lira leur message. Et puis, comme c’est calme, Brice nous cuisine des pop-corn et nous partageons une bière entre adultes près du mât. Chintouna glisse, poussé par un vent de 10 nœuds de Nord-est. Que la vie est douce quelquefois… Cet interlude nous permet de casser un peu notre routine quotidienne et soude un peu plus ce fameux équipage !

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Bilan de la navigation

Côté navigation, le bilan est assez positif. Poussés au départ par des vents de Nord-est oscillants entre 10 et 15 nœuds, nous suivons une route assez sud pour passer l’Equateur entre le 25° et le 30° Ouest. Les vents virant à l’est-sud-est au sud de l’Equateur, nous préférons faire ainsi pour éviter de faire du près pour arriver à Jacaré, point de chute prévu au Brésil. La majeure partie du temps, nous avons le génois tangonné et la Grand-voile haute. Nous ne ferons que 40 heures de moteur dans une zone de calme et pour éviter d’être encalminés pendant plusieurs jours au même endroit. Et nous remercions notre petit pilote électrique, Titi, pour l’aide qu’il nous apporte lorsque nous sommes au moteur. Au sud de l’Equateur, nous rencontrons des vents de Sud… ce qui a tendance à nous agacer. Mais finalement, le vent revient doucement au SE nous aidant à atteindre notre but. La nuit, nous ne quittons pas notre bracelet homme à la mer NKE et dans les manœuvres, le gilet de sauvetage est de rigueur.

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Brésil

14 jours après être partis du Cap Vert, nous apercevons enfin les côtes brésiliennes et dans un premier temps d’énormes immeubles qui ont tendance à nous effrayer… Puis, petit à petit, la côte se dévoile à nous, avec ses belles plages, son petit lagon, sa végétation luxuriante et comble de bonheur, des dauphins nous accueillent joyeusement à l’entrée de la rivière. Car Jacaré est un petit village de pêcheur situé dans une rivière. L’eau y est marron et nous avançons à la tombée de la nuit entre deux bandes de terre vertes, dotées d’une végétation luxuriante ! Nous croisons un ferry, un bus posé sur une barge qui fait la liaison entre les deux bords de la rivière. Un autre monde, un continent… Nous ne sommes pas si loin du plus grand fleuve du monde l’Amazone, nous abordons l’Amérique du Sud avec toute son histoire, ses paysages, sa population métissée, sa musique tant appréciée. Alors que le soleil se cache, nous apercevons les pontons du Jacaré Yacht Village, une petite marina tranquille tenue par des Français. Francis nous attend, il a dû nous apercevoir de loin. Au programme : soirée démonstration Capoeira et caïpirinha, le punch local au rhum, au citron vert, sucre et glace ! Bienvenue au Brésil !!!

 

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7 réflexions sur “Cap sur le Brésil

  1. Bonjour et merci votre blog, vos articles sont toujours intéressant et complet.
    peut etre aurons nous l’occasion de nous croiser, nous partons en juillet prochain pour un voyage au « format » de votre premier tour de l’atlantique. En attendant nous suivons avec attention vos aventures.

    Les Moussespic

  2. Un joli récit encore et de beaux diaporamas ! Nous attendons maintenant le petit message d’Awen … plein de gros bisous, Mamiline

  3. Super ce nouveau recit , apres le visonniage des photos du mail, j’ai apprécié les commentaires !
    Grosse bise à vous Béatrice et Sacha

  4. Quelle beau parcours ! Le récit est très intéressant. C’est un plaisir de vous suivre et de voir grandir les enfants. J’ai hâte de découvrir un nouvel article d’Awen. Gros bisous. Soaz

  5. Bonjour a vous 4 !Toujours autant de plaisir a vous lire et visionner vos photos,c’est passionnant de « voyager » avec vous.
    Ici (en charente), la nature se reveille, arbres fruitiers en fleurs, potager tout pret, abeilles en plein travail..on sent la douceur printaniere s’installer…
    Bravo!Awen et Arthur pour le pain!
    Profitez bien de votre « pause » bresilienne…a une prochaine fois !

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