Traversée de l’Atlantique retour, étape 2, la boucle est bouclée

Oui, cela fait déjà plus de 4 mois que nous sommes rentrés en Bretagne, mais le temps passe très très vite dans la vite « classique ». Tout le contraire d’une vie de voyage… Alors oui, l’aventure de ces trois années s’est terminée officiellement le 1er août dernier à notre arrivée à Groix et il est temps de mettre le blog à jour avant de changer d’année. Retour sur cette dernière traversée…

19 jours aux Açores

Après nos 25 jours de mer pour rallier les Antilles aux Açores, nous sommes fatigués mais il faut déjà songer à repartir vers la Bretagne, car le temps file et nous ne voulons pas arriver trop tard dans l’été afin de se laisser le temps d’atterrir avant de reprendre le travail. Pourtant, les Açores, terre hospitalière, nous donne envie de nous attarder. Nous prenons quelques jours pour nous reposer et reprendre des forces. Il faut aussi nettoyer notre bon bateau qui nous a portés pendant tous ces milles sur l’océan. Ranger, repenser à l’avitaillement, à l’accueil de notre nouvel équipier qui arrive bientôt, se remettre en tête qu’il faudra repartir dans peu de temps…

A Horta, carrefour des routes maritimes de l’Océan Atlantique nord, nous rencontrons et retrouvons plusieurs familles et des équipages de voyageurs en route vers l’Europe. Certains ont déjà en tête de nouveaux voyages, d’autres s’apprêtent à vendre leur bateau… Nous ne voyons plus nos enfants qui sont occupés à construire des cabanes à côté des sanitaires de la marina, qui partent faire de l’Optimist dans le port ou qui se retrouvent sur le bateau le plus grand pour jouer, chanter, s’amuser ! Une belle équipe de 11 enfants heureux de se trouver, fait sa vie au grès de ses envies. Et puis, l’école est finie, alors…

Faïal, Sao Jorge, Terceira

La météo n’est pas de notre côté et les fenêtres pour larguer les amarres sont toutes fermées. Du coup, avec Sébastien qui arrive d’Europe, nous visitons un peu l’île de Faïal, si verte, si nature, si belle !

Nous grimpons sur la nouvelle terre de l’île qui est apparue dans les années 50 suite à une longue éruption volcanique. Impressionnant ! La montée de cette structure naturelle est physiquement intéressante.

Dans le bar mythique de la ville d’Horta, nous laissons deux drapeaux : celui de notre équipier Corse, signé de nos noms, et celui de la Bretagne avec les signatures du nouvel équipage en partance pour le continent. Deux drapeaux qui ont déjà traversé 2/3 de l’Océan… Chez Peter, nous reconnaissons d’autres marques de passages d’amis marins. Ça fait chaud au cœur…

On repasse aussi sur le dessin peint en juin 2006, lors de notre premier passage aux Açores sur la route retour de notre première boucle Atlantique. Quel chance de le voir en si bon état ! Nous rajoutons le prénom d’Arthur, les nouvelles dates de ce voyage et une tortue, symbole de ce 2ème grand tour en bateau.

Les enfants des trois bateaux copains décident aussi de laisser leur dessin sur les murs du port. Dur dur d’en arriver à bout, car la météo est au crachin et elle leur laisse peu de temps pour dessiner leur œuvre.

Nous disons au-revoir à notre équipier devenu ami, Mathias qui part sur d’autres chemins. Merci à toi ! Et à bientôt ! Et puis, nous peaufinons notre préparation.

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Nouvel équipage pour nouvelle traversée ! Au-revoir Mathias, bienvenue Sébastien !

Le 14 juillet, nous pensons avoir une fenêtre météo pour partir vers la Bretagne. Mais le vent nous repousse dans le goulet constitué par les îles des Açores et nous décidons finalement de nous arrêter sur l’île de Sao Jorge. Nous sommes précédés par nos amis des Taïlanas que nous retrouvons au port pour la plus grande joie de nos enfants respectifs !

C’est sur cette île, où l’on vénère St Georges qui aurait vaincu le dragon, que nous sommes assommés par la nouvelle du massacre de Nice… Folie humaine, que rates-tu de la vie à faire ce genre d’horreurs !

Le 16 juillet, nous visons l’île de Terceira pour avancer un peu sur la route en attendant le bon créneau météo qui n’arrive toujours pas. Quelle joie de retrouver cette magnifique île et sa ville principale classée au patrimoine mondial de l’Unesco ! Nous assistons à un magnifique concert à la cathédrale de l’île et quittons trop vite cet endroit pour pointer notre étrave sur la Bretagne ! Nous décidons de partir le matin du mercredi 20 juillet, acceptant une météo moyenne mais sans danger a priori.

Avant-dernière traversée

Une tortue salue notre départ. Nous avons plus de 1 000 milles à parcourir. Au bout, notre terre, notre famille, nos amis, nos racines… Nous sommes si heureux de savoir que nous allons bientôt retrouver tout le monde ! Mais il faudra compter encore une dizaine de jours pour arriver à notre but. Le GPS est réglé sur Pen Men. C’est parti !

Ce parcours nous offre de beaux spectacles maritimes ! Dauphins et baleines ne se font pas prier, nous en voyons tous les jours. Pour Sébastien, c’est une première et pour nous, c’est toujours avec une immense joie que nous croisons la route des cétacés.

Toujours pas de vent portant et un vent mou, nous n’allons pas bien vite… Nous essayons de gagner au nord pour attraper les vents portants. Nous croisons des cargos tous les jours ou toutes les nuits. La lune s’habille de toutes les couleurs… Quand elle se cache derrière une mer de nuages, le plancton scintille derrière le bateau. C’est incroyable ! J’aimerais réveiller l’équipage pour qu’il profite de ce spectacle mais je n’ose pas. Ils dorment tous si bien… Et toujours ces baleines que nous croisons, accompagnons, admirons… Le 25 juillet, nous contemplons 2 poissons-lune. Ils sont facile à voir dans la pétole avec leur longue nageoire dorsale qui sort de l’eau telle une épée. Dans la nuit, nous traversons une bande lumineuse de plancton. Chacun sa route… Et puis, au moment du relais de quart avec Sébastien, nous avons la chance de croiser la route de dauphins qui se transforment en fusées phosphorescentes dans la nuit maritime… Magnifique ! Awen profite de temps en temps du spectacle nocturne en négociant une heure de rab le soir avec nous, en quart.

Plus le temps passe, plus les nuit raccourcissent. Nous arrivons dans l’été français. Ça nous change du rythme nocturne 18h-6h des Antilles.

Le 30 juillet, en fin de journée, nous voici enfin sur le plateau continental ! La mer change de couleur. Notre terre n’est plus très loin. Chintouna glisse au travers sous GV/Foc vers Groix et Lorient… Le trafic maritime s’accentue. Nous prenons 3 ris car le bateau file trop vite.

Dimanche 31 juillet, nous avons passé notre dernière nuit en pleine mer. Aujourd’hui, nous allons voir la côte bretonne. Et il fait très beau !!! Le lever de soleil est magnifique, passant du rouge au orange, puis au jaune, la couleur qui commence à me réchauffer… Je suis seule sur le pont avec ce beau moment et, cerise sur le gâteau, 5 dauphins viennent me saluer à l’étrave. Grandiose ! C’est pour tous ces moments là aussi que l’on navigue. Des instants de paix, de communion avec les éléments naturels, avec soi-même, loin du stress et du quotidien imposé par nos vies de terriens…

A 10h30, nous captons la FM, les radios locales, les mouettes et les goélands sont de retour. Tiens, un fou de Bassan ! A bord, il y a de l’excitation dans l’air. Ça fait quand même 12 jours que l’on est en mer et 3 ans que l’on n’a pas mis les pieds sur le continent européen ! A 14h30, nous apercevons le phare d’Eckmühl à la pointe de Penmarc’h. A 17h30, nous sommes dans le sud de la Jument de Glénan. Chintouna glisse vers Groix sur une mer lisse… Vers 18h, le soleil est magnifique, les dauphins sont à la fête et nous aussi !!! En pleine nuit, nous passons les phares de Groix, accueillis par nos amis et notre famille. Ils sont venus nous faire la surprise avec le bateau Phare’Night. Il y a aussi Erwann qui était au même endroit il y a 3 ans, lors de notre départ. Comment expliquer l’immense émotion qui nous submerge à ce moment ???? Rien que pour cela, il faudra repartir !

Dernière traversée : de Groix à Lorient

Après une très courte nuit et une bonne douche groisillonne, nous mettons les voiles pour rejoindre Lorient où nous avons donné RDV à ceux qui souhaitent nous accueillir en fin de marée montante. Phare’Night nous suit, équipé des gens aimés. Le temps est magnifique en ce 1er août ! Quelle est belle la Bretagne sous le soleil ! Et quelle joie de saluer tous ceux qui se sont placés le long de la rade de Lorient pour nous saluer. Les larmes coulent, la gorge se serre. Et nous n’avons qu’une chose à dire : ON VOUS AIME ET ON EST HEUREUX DE VOUS RETROUVER !!!!

La suite restera ancrée dans nos mémoires bien longtemps : les retrouvailles ! Qui durent, durent, durent sur fond de Festival Interceltique. Que demander de plus ?

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La boucle est bouclée. Nous retrouvons un rythme « classique », non sans quelques difficultés quelquefois. Les enfants et moi avons repris le chemin du collège et des écoles. Brice a repris du service dans les bus de la ville et nous avons plein d’idées pour la suite !

Pour conclure, nous vous souhaitons de très belles fêtes de fin d’année et une bonne année 2017 à venir !

Que vos rêves deviennent réalité, que l’espoir ne vous quitte pas, que la lumière éclaire vos vies.

Maritimement,

Sonia